L’histoire de Gourmart : de l’échec à la résilience

On avait coché toutes les cases. Un bon dossier, des chiffres solides, un encadrement en béton. Gourmart est né à Liège, au VentureLab, un super incubateur de startups. On était jeunes, enthousiastes, convaincus qu’avec du travail, un bon business plan et une étude de marché bien ficelée, on allait faire bouger les lignes. Et sur le papier, tout se tenait.

Mais la réalité, elle, ne se lit pas dans les colonnes d’un tableau Excel. On a découvert un univers exigeant, imprévisible, parfois brutal : la cuisine. Nos idées se sont confrontées à des bacs sales, des horaires impossibles, des commandes ratées, et cette sensation, parfois, de ne plus rien maîtriser. Il a fallu tout désapprendre. Repartir de zéro. Gourmart a failli ne jamais dépasser ses débuts. Mais c’est précisément là, au fond du doute, qu’on a commencé à comprendre ce que l’on voulait vraiment défendre. Pas juste une boîte. Pas juste un projet. Une manière de faire. Une manière d’être.

Quand nous avons commencé, nous sortions à peine des études. Boris, designer. Thibaut, électromécanicien. Deux formations, deux regards, mais une évidence partagée : nous ne nous voyions pas suivre un chemin balisé. Pour nous, entreprendre n’était pas une option de carrière, mais une nécessité. Nous étions faits pour ça, avec un besoin viscéral d’être au cœur de l’action, de créer, de proposer.

Et si l’envie d’entreprendre était ancrée, elle s’est vite liée à une autre passion : la cuisine. Celle qui a du goût, du sens, du respect. Alors, quoi de plus naturel que de réunir les deux ? D’autant que nous pensions avoir un véritable rôle à jouer, car bien manger est devenu une affaire bien plus complexe qu’elle ne devrait l’être. Trop souvent, les produits sont transformés à l’excès, vidés de ce qui fait leur goût et leur sens. On se retrouve face à des listes d’ingrédients opaques, à des procédés qui sacrifient la qualité au nom du rendement. Une cuisine qui finit par oublier l’essentiel : le respect du produit, et de ceux qui le font exister.

Nous, on a préféré prendre un autre chemin. Moins de surenchère, plus d’authenticité. Moins de bruit, plus de sens. Avec peu de moyens, mais avec une exigence de fond : celle de faire les bons choix. Gourmart, c’est ça : une entreprise à taille humaine, construite à partir de choix simples mais assumés. Un projet qui défend une alimentation plus ancrée. Et surtout, accessible.

Ce que nous proposons n’est pas une révolution. C’est une alternative qui, si elle a recourt à des méthodes plus anciennes, propose une solution moderne. Une autre façon de produire, de cuisiner, de consommer. Une manière de faire mieux, pas plus. De recréer du lien entre ceux qui préparent, ceux qui partagent, ceux qui dégustent.

2018 – 2020 : les paniers repas et les premières limites

Notre toute première idée, c’était de redonner aux gens l’envie de cuisiner chez eux. Même à ceux qui manquent de temps. Pas avec des plats tout faits, mais en leur mettant entre les mains de bons produits, prêts à être transformés simplement. Des paniers repas à cuisiner soi-même, avec des ingrédients bruts, frais, découpés à la main. Une cuisine maison, mais rendue plus facile pour gagner du temps. C’était une idée qui nous tenait profondément à cœur.

Pour la concrétiser, on a ouvert un magasin, chaussée d’Ixelles à deux pas de la place Fernand Cocq. Un petit local, modeste, mais qui à nos yeux représentait beaucoup plus qu’un point de vente. C’était notre manière de rendre visible ce qu’on croyait juste. Mais très vite, les premiers obstacles sont apparus. Un loyer à plus de 6000 euros. Une communication qui ne trouvait pas son public. Un concept encore flou dans les esprits. Bref, le modèle ne prenait pas.

Nous avons enchaîné les semaines de cent heures, parfois sans salaire, souvent sans visibilité. On avançait au feeling, en essayant de tenir le cap. Mais malgré la fatigue et les doutes, il y avait un signal qui ne trompait pas : les retours de nos clients. Clairs. Positifs. Encourageants. Même discrets, ils nous ont donné la force de continuer.

Ce fut une période dure, brute, parfois complètement hors de contrôle. On bricolait, on improvisait, on encaissait. C’était sauvage. Mais c’est aussi la phase qui nous a le plus forgés. Celle dont, paradoxalement, on reste le plus fier. Parce que tout y était : l’énergie, la naïveté, l’épuisement, les doutes… mais surtout, la volonté. On s’est plantés, oui. Mais c’est cet échec-là qui nous a rendus prêts pour la suite. C’est là, dans le dur, qu’on a compris qui on était. Et ce qu’on voulait vraiment construire.

2021 : le pivot vers les bocaux

Quand il a fallu se rendre à l’évidence que les paniers repas ne prenaient pas, on a dû faire vite. Abandonner, on ne savait pas faire. Alors, presque par instinct, on s’est mis à cuisiner nous-mêmes les plats que l’on proposait jusque-là en kit. C’était brut, pas prémédité. Juste une façon de tenir bon.

Et comme les recettes plaisaient déjà en kit, elles ont naturellement séduit en version cuisinée. On les proposait encore dans des barquettes en barquettes recyclables à ce stade. Mais ce qu’on servait avait du goût, et ça suffisait à redonner un peu de confiance et d’espoir. C’est dans ce contexte qu’un restaurateur est venu vers nous. Il cherchait un nouveau partenaire pour produire des plats cuisinés, pasteurisés, en bocaux, un format qu’il avait auparavant développé avec des chefs étoilés bruxellois. Il voulait tout centraliser, et il nous a choisis. On n’avait jamais fait ça. Mais à ce moment-là, on n’avait pas non plus beaucoup d’alternatives. Alors on a accepté cela comme un challenge.

Et ce fut un tournant. Grâce à ce contrat, on s’est retrouvés à travailler aux côtés de chefs bruxellois étoilés. Pendant plusieurs mois, on a appris à leurs côtés, à maîtriser les cuissons, à respecter les produits autrement. Ce n’était pas une formation. C’était un vrai accompagnement. Mais l’histoire à nouveau basculé, car l’histoire des entreprises n’est évidemment jamais simple. Le restaurateur a dû fermer, emporté par la crise du Covid. Ce partenariat, notre seule bouée à ce moment-là, a disparu du jour au lendemain.

C’était un coup dur, mais qui s’est très vite transformé en opportunité.  Parce qu’entre-temps, on avait compris quelque chose : le concept plaisait, et faisait l’objet de peu de concurrence. Le potentiel était énorme et on le savait. Alors on a continué. On a affiné nos propres recettes, perfectionné nos méthodes pendant plusieurs mois. Et début 2021, les tout premiers bocaux signés Gourmart ont vu le jour. Une nouvelle page s’ouvrait. Plus lucide, plus solide, plus ancrée dans l’ère du temps.

Ce qui nous a portés

Si Gourmart a pu rebondir, c’est avant tout grâce aux personnes qui nous ont entourés. Nos familles respectives ont été un soutien essentiel. Leur implication a dépassé le simple cadre moral : elles sont venues dans nos cuisines, parfois au pied levé, pour préparer, emballer, livrer. Toujours présentes, même lorsque nous avions fait fausse route. Leur générosité, leur patience, leur implication — y compris financière — ont été fondamentales. Encore aujourd’hui, elles restent impliquées dans de nombreux aspects, du développement produit aux retours terrain.

L’accompagnement de professionnels expérimentés a également joué un rôle décisif. Des mentors comme Frédéric Pouchain, Olivier Witmeur ou Hubert Brogniez ont su nous orienter au bon moment, avec lucidité et exigence. Des structures comme le REB, la Smala ou le VentureLab — où tout a commencé — nous ont offert un cadre, des conseils, des ouvertures.

Nos investisseurs, enfin, ont joué un rôle moteur. Ils ont cru en nous bien avant que les chiffres ne leur donnent raison. Leur soutien, fondé sur une vision humaine de l’entrepreneuriat, nous a permis de continuer à avancer dans les moments d’incertitude. Ils nous ont aidés à croire que la valeur d’un projet se mesure aussi à sa résilience et à sa capacité à apprendre.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, Gourmart a trouvé sa voie. Nous cuisinons chaque jour avec la même exigence, la même honnêteté, et la volonté constante de proposer quelque chose d’utile. Une cuisine engagée, à la fois simple et exigeante, pensée pour durer.

Notre ambition n’est pas de devenir les plus gros. C’est d’être justes, cohérents, fidèles à ce qui nous anime depuis le début. Et si nous partageons cette histoire aujourd’hui, c’est pour que vous compreniez ce qu’il y a vraiment derrière ce bocal. Ce n’est pas simplement un plat préparé. C’est le fruit de nombreuses mains, de beaucoup d’efforts, et d’une conviction : bien manger peut être simple, durable, mais surtout profondément humain

Nous contacter

ADRESSe

Rue de Béthanie 35/7, 1070 Anderlecht

EMAIL

info@gourmart.be

Téléphone

+ 32 2 242 46 42

Suivez nous